Un panneau solaire provenant d’une entreprise chinoise, suspectée d’avoir fait appel à de la main-d’œuvre ouïghour, alimente trente-deux ampoules qui éclairent des cellules solaires collées sur une plaque de verre. Ces cellules produisent différentes puissances de courant électrique grâce à l’effet photovoltaïque qui, au contact d’une solution d’eau et de nitrate d’argent, va déclencher la création de cristaux d’argent sur la plaque de verre. Suivant le nombre d’heures d’ensoleillement du lieu d’exposition, les formes mettent plus ou moins de temps à se construire, jusqu’à créer une plaque de verre recouverte de connexions de cristaux dont la taille définit leur résistance dans le temps. Une fois la composition terminée, la plaque de verre est retirée du système de lumière et devient une électrographie possédant une énergie électrique cumulant la puissance de toutes les cellules solaires.
Ce projet est un début de recherche concernant la création d’un nouveau type d’image, dont les composants sont hérités de la photographie, qui inscrit une réponse écologique dans son processus de création. L’extraction de l’argent, dont l’épuisement des mines est prévu aux alentours de 2035, est le sujet de cette électrographie qui rappelle la responsabilité du médium photographique dans l’utilisation de l’argent pour la création d’émulsion photosensible, et la continuité de cette extraction dans la création des connectiques de cellules photovoltaïques. L’infiniment petit se construit sur la plaque de verre tant que l’on y ajoute de l’eau et fait apparaître un monde où l’argent est moteur des connexions des différentes puissances de cellules cherchant à se rejoindre pour se développer.
Barbara Merlier - Sebastien Cabour - Cyprien Quairiat - Edyth Dekyndt - Agata Wieczorek - Victor Villafagne
Né en 1992 au Havre, Hugo Pétigny s'intéresse aux énergies transmises grâce à l'art.
Après des études en électrotechnique et en photographie au Havre, puis diplômé de l'université de Lille et des Beaux-Arts de Tourcoing et actuellement étudiant au Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Hugo entreprend une recherche artistique qui mélange la lumière et l'électricité. À travers des installations ou des photos, il cherche à développer des processus qui permettent de mettre en images les interactions d'énergies se produisant généralement dans des milieux fermés, afin d'entamer des réflexions concernant notre relation à la matière.
S'inspirant des écrits du Solar Punk, Hugo cherche à proposer un monde dans lequel l'humain est plus proche de son environnement grâce aux échanges avec la lumière, ce qui entraîne par exemple une reconsidération du temps solaire ou un positionnement de l'humain avec l'idée de photosynthèse des plantes, en considérant les particules (photons, électrons) comme des personnages influençant nos actions quotidiennes.
C'est un monde d'échanges constants avec l'infiniment petit que propose Hugo Pétigny, en utilisant particulièrement le photovoltaïque comme représentation formelle d'un futur dans lequel le vivant et la technique sont interconnectés. Hugo emprunte aux impressionnistes leurs recherches sur la lumière, qu'il a étudiés durant sa jeunesse en Normandie, et c'est dans l'art optique et le land art qu'il puise les enjeux sociaux qui animent son travail.
Production : Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains