Le privilège accordé au présent se retrouve souvent dans le monde où nous vivons, comme dans la phrase « vivre au présent » prononcée dans les films et les séries télévisées. Nous laissons le passé derrière nous et regardons vers l'avenir. Parce que le présent est plus important que le passé et que le passé est situé après le présent. Ce système d'oubli facile à affirmer façonne notre présence déformée. Pourquoi ne devrions-nous pas nous accrocher au passé ? L’important c'est de résister à l’oubli. Ces questions ne se limitent pas au sujet de ce film, mais continuent de se poser dans mon travail en général. L’histoire du cinéma existe-t-elle encore ? La théorie bergsonienne du temps, introduite ici, crée une fissure dans l'image que nous avons du présent-passé. Bergson souligne que le temps est perçu uniquement en étant remplacé par un espace visuel divisé. Il évoque également la mémoire en expliquant que le présent n'est pas une sorte de point qui devient finalement le passé, mais qu’il est au contraire toujours lié au passé, c'est-à-dire que le présent est un complexe du passé et du présent, donc un cristal. Ce sont précisément les multiples moments qui ont lieu dans l'espace de réalité virtuelle qui restent littéralement dans le même espace. Il n'y a pas de supériorité et les multiples personnages sont tantôt liés, tantôt indépendants. Les couples qui ont rompu dans le passé continuent de se rencontrer et il se peut qu'ils n'aient pas vu le même présent au moment où ils se sont rencontrés.
Né en 1990 au Japon, c'est en parallèle de ses études universitaires de philosophie qu'il réalise ses premiers courts métrages. En 2020, il intègre Le Fresnoy - Studio national où il poursuit ses recherches cinématographiques sur l'image incertaine et l'haptique, s'appuyant sur les théories de Gilles Deleuze.
Production : Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains
